Mercredi 04 juin 2025

Économie

« Carburant réservé au parti et aux VIP »

02/06/2025 1
« Carburant réservé au parti et aux VIP »
Le stationnement des voitures devant les stations-services est devenu monnaie courante

Des files et des attentes interminables, telles sont les situations que vivent les propriétaires de véhicules devant les stations-service pour un ravitaillement en carburant. Des distributions se font sélectivement ou encore « le carburant est réservé au parti. » Les chauffeurs dénoncent la distribution dont profitent essentiellement les pompistes.

Au moment où la campagne électorale bat son plein, la pénurie des carburants persiste dans les stations-service. Les propriétaires de véhicules se lamentent et dénoncent une mauvaise distribution du peu de carburant disponible.

Les chauffeurs de taxis ne trouvent plus les mots pour exprimer leur mécontentement. « Trois stations-service seulement, dans toute la capitale économique sont désignées pour ravitailler tous les taxis mais une seule station semble avoir du carburant », dénonce un chauffeur de taxi.

Ce chauffeur qui a requis l’anonymat fait savoir que les stations qui ravitaillent les voitures taxis sont celle de la zone Musaga au sud de la capitale économique, celle de Buterere et celle qui se trouve à l’endroit communément appelé chez Giswaswa. Cette dernière « est la seule qui peut distribuer de temps en temps, mais les autres peuvent passer plus de deux semaines sans aucune goutte de l’or noir. »

Le calvaire que ces chauffeurs vivent est sans précédent selon lui. « Passer plus d’une semaine à attendre quelques litres qui ne te serviront que plus ou moins pendant une journée est révoltant. Quand on arrive à en avoir sur le marché parallèle, ce sont les clients qui se révoltent. »

Les privilégiés enrichissent les pompistes

Les agents qui travaillent aux pompes des stations-service sont pointés du doigt dans la mauvaise distribution. Un chauffeur trouvé loin d’une station-service ou il a laissé sa voiture dit avoir fui loin des agents qui menacent les chauffeurs. « Ils nous menacent et nous intiment l’ordre d’évacuer. La station a été ravitaillée mais ils nous disent que le carburant est pour le parti, Dieu seul sait de quel parti il s’agit. J’ai préféré fuir parce que ma voiture est à sec. »

Il ajoute qu’il y a certaines voitures dites VIP qui ne sont d’aucun parti mais qui continuent à être servies. « Il y a des chauffeurs qui soudoient les agents qui sont à la pompe. Ces derniers s’enrichissent de manière spectaculaire. Ils ont déjà commencé à construire des maisons au quartier Carama, dans une partie qui a déjà eu un nom « le quartier pompiste ». Les agents qui travaillent dans les stations qui sont régulièrement ravitaillées rentrent avec une somme allant jusqu’à 5 millions BIF/jour. »

Ce chauffeur fait savoir que chaque voiture qui se dit VIP donne à un agent de la pompe plus de 100 000 BIF : « 10 000 litres sont venus quand nous étions là mais on ne ravitaille que ces VIP pour avoir de quoi faire monter leurs maisons tandis que les affaires des autres s’arrêtent. »

Il trouve que cette pénurie persistera parce qu’elle est devenue une aubaine pour une poignée de gens comme ces agents qui travaillent dans les stations-service. « Nous voyons tout ce qui se passe ici. Tu ne peux pas passer plus de deux jours devant une station-service et ne pas remarquer les magouilles qui s’y opèrent. »

Des mesures doivent être prises

Pierre Nduwayo : « Des mesures doivent être prise pour pallier la pénurie »

Pierre Nduwayo, président de l’Association burundaise des consommateurs, Abuco, fait savoir que depuis que des messages rassurant sur une disponibilité du carburant ont été annoncés, il n’y a jamais eu d’amélioration. « La mise en place de la Sopebu a suscité une lueur d’espoir, mais les choses n’ont fait qu’empirer davantage même après le changement des organes dirigeants de cette société. »

Pour lui, des mesures doivent être prises pour garantir la disponibilité des carburants et permettre leur accessibilité à tous parce que l’économie du pays en dépend. Il trouve incompréhensible que ce problème ne survienne qu’au Burundi alors que dans la sous-région, cette pénurie n’y est pas.

« Des mesures concrètes doivent être mises en place pour pallier cette pénurie parce que la vie de tout le pays en dépend », plaide-t-il. Il fait remarque en outre que les incohérences qui s’observent dans la distribution des carburants sont loin d’être corrigées tant que la quantité n’est pas suffisante. « Ceux qui utilisent le carburant sont trop nombreux et la Sopebu aura toujours du mal à assurer une bonne distribution. La meilleure solution plausible est d’assurer une disponibilité suffisante comme on le remarque dans les pays de la sous-région », suggère-t-il.

Une commission doit être mise sur pied

Gabriel Rufyiri de l’Olucome fait savoir que les problèmes majeurs sont la mauvaise gouvernance et le manque de devises. « Le 31 décembre 2024, le président lui-même a fait savoir que 90% des devises ne passent pas par la voie des banques, mais plutôt par le marché parallèle. Une année, deux ans peuvent passer avec la même situation comme si de rien n’était. Le gouvernement devrait d’abord s’occuper de l’harmonisation du taux de change et cela par le biais des économistes qui le maîtrisent. »

Pour lui, cette situation ne fait que faire régresser l’économie du pays. Il trouve inconcevable qu’un dollar vaut officiellement moins de 3 000 BIF alors que sur le marché parallèle il vaut presque 8 000 BIF. « Une solution doit être trouvée pour que nous puissions nous propulser vers un développement durable. Si ça reste comme ça, il n’aura pas de développement possible. »
Il suggère la mise en place d’une équipe d’experts indépendants qui pourront trouver une solution rapide et efficace.

La synergie des médias a essayé de joindre Samuel Ndayisenga, président de la Société pétrolière du Burundi pour des précisions, ce dernier a promis de s’exprimer sur cette situation après les élections.

La Sopebu a été mise en place par décret présidentiel en 2024 pour importer et assurer la distribution des carburants sur tout le territoire national.

Quid du prix du baril ?

Sur le marché international, les chiffres montrent que depuis le début de l’année 2025, le prix du baril a chuté de 22%, mais le prix du carburant sur le territoire national reste toujours le même.

Tableau du prix de variation du baril depuis le début de l’année

Forum des lecteurs d'Iwacu

1 réaction
  1. Jean

    Franchement les africains aiment leur bourreaux 😀😀. Nuguha amagi namasoro aba DD ntakundi .

Charte des utilisateurs des forums d'Iwacu

Merci de prendre connaissances de nos règles d'usage avant de publier un commentaire.

Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur. Sont notamment illicites les propos racistes, antisémites, diffamatoires ou injurieux, appelant à des divisions ethniques ou régionalistes, divulguant des informations relatives à la vie privée d’une personne, utilisant des œuvres protégées par les droits d’auteur (textes, photos, vidéos…) sans mentionner la source.

Iwacu se réserve le droit de supprimer tout commentaire susceptible de contrevenir à la présente charte, ainsi que tout commentaire hors-sujet, répété plusieurs fois, promotionnel ou grossier. Par ailleurs, tout commentaire écrit en lettres capitales sera supprimé d’office.

Ajouter un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.

Editorial de la semaine

Université du Burundi. En finir avec le déni

Des informations préoccupantes faisant état d’insécurité et de violence à l’Université du Burundi (UB), notamment au campus Mutanga, ont récemment enflammé les réseaux sociaux. Selon plusieurs publications, un groupe d’étudiants affiliés à la ligue des jeunes du parti au pouvoir, (…)

Online Users

Total 2 885 users online

OSZAR »